dimanche 16 septembre 2012

L'aveuglement politique qui a signé la fin de la IIIème République (Révisé 13 / 07 / 2019)


La IIIème République a été fondée sur les ruines de 2 régimes qui se sont effondrés : le Second Empire de Napoléon III et la Commune de Paris. 

Ces deux régimes étaient des dictatures totales.



Une constitution hyper-parlementariste


Pour éviter le retour de ce genre de dérive, la nouvelle IIIème République a instauré un régime parlementaire intégral - si j'osais, j'irais même jusqu'à écrire : Intégriste.

Les fondateurs de cette constitution - tout comme c'est encore le cas aujourd'hui pour ceux qui veulent créer une VIème République - avaient créé ce régime sans penser une seule seconde que notre pays était installé sur une vraie planète, entouré de vrais pays, et donc subissant en permanence un ensemble de pressions internationales qui, jusqu'à la fin des temps, nous interdiront d'abaisser notre garde un seul instant.

En conséquence de cette constitution anti-chef (quand bien même elle fut créée pour permettre la restauration de la Monarchie - ! -), le pays pouvait se trouver sans gouvernement pendant des mois (la IVème République qui lui succéda en 1946, en était la copie conforme, ce qui entraîna Charles de Gaulle à créer la Vème République dont la constitution interdit de tels errements).




Avant 1914 : De vrais hommes politiques 


La France de ce début de IIIème République était obligatoirement marquée par la défaite écrasante de 1870 qui s'était traduite par l'annexion de l'Alsace  et d'une partie de la Lorraine au Reich Allemand comme par le paiement d'un tribut de 5 milliards de Francs-Or à Bismarck.

Le désir de revanche était donc patent dans tout le pays.

La IIIème République fut donc particulièrement militariste. 


Simultanément, et bien avant 1914, l'Allemagne de Guillaume II voulait établir son hégémonie sur l'Europe, ce qui inquiétait la Grande Bretagne comme la Russie Tsariste.

La Grande Guerre intervint donc inéluctablement en 1914. 

Il serait malhonnête de dire, comme certains politiciens l'ont fait et continuent de le faire, que notre pays avait une grande part dans le déclenchement de cette guerre : Guillaume II et son grand Etat-Major brûlaient de ranger l'ensemble de l'Europe continentale sous leur botte. 

La bêtise exceptionnelle (probablement très mal renseigné par ses ministres et ses militaires) de l'Empereur Autrichien François-Joseph, poussé au jusqu'au-boutisme par le chancelier Allemand Bethmann-Hollweg, fit le reste et condamna son Empire à la disparition.


Si j'ai écrit ma détestation de la constitution de la  IIIème République, il me faut rendre hommage à la qualité de ses hommes politiques qui ont réussi, en 25 années, à sortir notre pays de son isolement et à créer deux alliances solides avec la Grande Bretagne et la Russie.

Par ailleurs, dans le domaine artistique, scientifique et technique, la France était le centre d'une floraison de très grands talents.


Le principal défaut du régime était son colonialisme forcené mené de manière impitoyable par des gens qui, sur notre échiquier politique du XXIème siècle, seraient maintenant tous parfaitement rangés à gauche et étaient persuadés d'être de ce côté-là. 

{Ce colonialisme correspondait- comme toujours - à un pillage qui revenait, en gros, à transférer notre dette sur les peuples colonisés. 
  • L'inflation est une autre forme de dette : Elle est payée principalement par les retraités.
  • Notre dette actuelle est la dernière forme du colonialisme : Celle qui consiste à piller nos générations futures (enfants, petits enfants, etc).
Chacun de ces cas est donc une honte absolue...}


La guerre de 1914-1918 a tué près d'un million et demi de nos soldats, a multiplié les cas d'invalidités et a rasé un immense territoire de haute fertilité. 

Cette guerre, comme le général von Falkenhayn osa la décrire, peut vraiment être considérée comme génocidaire.



Après la Victoire de 1918, le retour de la course au pouvoir d'hommes sans aucune envergure


Une telle saignée avait diminué de façon importante les capacités de notre Nation.

Dans le domaine politique, la médiocrité avait remplacé le souci de l'intérêt national.

Un nombre étonnant de partis s'étaient créés pour profiter de tous les effets de niche imaginables.

A gauche, la révolution bolchevique avait entraîné la scission du Parti Socialiste Français en 1921 (Congrès de Tour). 

Ceux des socialistes attirés par la doctrine marxiste, minoritaires, avaient créé le Parti Communiste Français et avaient réussi à récupérer le journal l'Humanité, fondé par Jean Jaurès qui était, lui, totalement opposé aux idées de Marx. 
La grande majorité des autres refusèrent le marxisme et restèrent fidèles au réformisme.

Ces deux partis partageaient un pacifisme intransigeant.

La droite semblait formée uniquement d'individus disparates. 

{Si Raymond Poincaré est généralement classé à Droite, il avait soutenu Dreyfus et il était pour ce que nous appelons Laïcité, mais il ne supportait pas l'anticléricalisme qui n'a rien à voir avec elle.}

l'extrême droite, il y avait un mouvement  monarchiste, l'Action Française, fasciné par le fascisme Italien.


Nos hommes politiques des années 30 étaient occupés à défendre leurs partis plus que tout autre chose au monde. 

Pour gagner les élections, on intervenait pour donner des avantages à ses propres électeurs (clientélisme).



En 1936, le Front Populaire gagna les élections. 

La fascination pour l'URSS de Staline entraîna le ministre radical Pierre Cot à demander la nationalisation des industries aéronautiques. 

Certes, cela figurait au programme du Front, mais, alors qu'une guerre était imminente, il y avait, à l'évidence, de tout autres priorités. 

Le coût des nationalisations se conjugua avec celui de la commande de 2 cuirassés de 35 000 tonnes (Richelieu et Jean Bart) pour assécher totalement les capacités financières du Ministère de l'Air pendant toute l'année 1937. 

Les 5 milliards de Francs 1937 qu'ils coûtèrent (sur 3 ans) doivent être comparés à l'unique milliard du budget annuel de l'Armée de l'Air. Le Richelieu eut à se battre - sans trop de dommages - contre la flotte Britannique à Dakar, puis contre le Japon. 

Le Jean Bart se battit contre la flotte US à Casablanca et y subit des dégâts considérables.

Aucun de ces deux navires ne joua un véritable rôle clé, pas plus que le Missouri ou l'Iowa, d'ailleurs.

Darlan eut-il choisi de les emmener en Angleterre, ils auraient probablement pu jouer un rôle glorieux contre le Bismarck, mais cet amiral choisit de rester à Vichy. 


Pour continuer à dépenser des centaines de millions à deux ans de la vraie guerre, notre gouvernement se lança dans la ruineuse Exposition Universelle de 1937, qui eut le don de montrer la "parfaite" organisation des divers pays totalitaires (dont tous les pavillons furent construits dans les temps) et la lenteur de nos constructions, paralysées par les mouvements sociaux.



Le fait que le ministre des finances ait été le très pro-Allemand Mr Georges Bonnet n'a rien arrangé.

Quand Mr Guy La Chambre remplaça Pierre Cot, les choses s'améliorèrent, mais trop tard.



Refusant obstinément de voir la réalité Hitlérienne qui surgissait à leur porte, nos politiciens multiplièrent les maladresses internationales.

Allant jusqu'à confondre nazisme et fascisme, qui n'avaient rien à voir entre eux, la base idéologique du premier étant purement raciste alors que celle du second est vraiment socialiste (mais pas social-démocrate). 

Ce comportement, joint à la vision à très court terme de la diplomatie Britannique, poussa l'Italie de Mussolini, notre alliée de 1914 à 1925, à se ranger du côté d'Hitler.


Pour ne rien arranger, dans la France des années 30, la bureaucratie avait pris une place prépondérante. 
Le clientélisme politique aussi. 

Dans ces conditions, préparer sérieusement une nouvelle guerre, mais vous n'y pensez pas : "De toute manière, au premier mouvement d'Hitler, les Anglais viendront nous aider..."

Nos services diplomatiques ne s'étaient même pas rendu compte que l'Empire Britannique n'avait plus d'armée...




Voici quelques posts qui tendent à prouver ces prises de pouvoir abusives


|--------- La standardisation : L'Enfer est pavé de bonnes intentions... ou pas
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|--------- Munich 1938 : Des généraux dénués d'audace, des hommes politiques paralysés...
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|--------- Le rôle des journalistes : C'est si enivrant d'exercer le vrai pouvoir...
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2 commentaires:

  1. Bonjour,

    Suite à la lecture de ce blog sur lequel j'ai pu lire votre opinion sur la IIIeme République et sa constitution j'ai un petit peu buché ce sujet que j'avais ignoré jusque là.
    Il m'est apparu que la IIIeme est très intéressante. On voit qu'effectivement c'est à son origine une porte ouverte (Restauration ou République ?).
    Une fois le choix fait on a tout de même 60 ans de durée. Certe les scandales et l'instabilité est de mise mais de grandes chose furent entreprises et cette France industrieuse et dynamique nous a laissé de grandes entreprises (Eiffage, Renault...). On ne peut passer sous silence le fait que cette République a gagné (avec beaucoup d'aide) la première guerre mondiale.
    Alors cette constitution était elle si détestable ? la Veme est-elle plus efficace ?
    Pour le premier point il ne faut pas se cacher la fin ignominieuse de la IIIeme suite à la défaite de juin 40. Ma thèse est que c'est la victoire à la Pyrrhus de 18 qui est la cause de la déliquescence de la société plutôt que la constitution elle même.
    Pour le second il est peut être difficile de juger car nous sommes "dans" l'actualité néanmoins il me semble que l'on peut déjà faire un parallèle sur la qualité très faible du personnel politique. On peut aussi parler de la paralysie relative de la sphère gouvernementale du fait des antagonismes droite/gauche qui sont forts, équilibrés et souvent artificiels (non la gauche ne gère pas moins bien que la droite, non la gauche n'est pas plus laxiste sur la sécurité et non la droite n'est pas plus anti sociale mais c'est remettre en cause le jeux de rôle...).
    La Veme sera t'elle capable de surmonter la crise économique et moral actuelle ou s'ecrasera t'elle comme la IIIeme en 40 et la IVeme lors de la crise d'Algérie ?

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    1. Bonjour Montaudran,
      Votre commentaire est très intéressant, comme d'habitude. Oui, c'est en fait une monarchie qui aurait convenu à un roi apte à faire comprendre la continuité de l'Etat.
      Le problème, à mon sens, c'est que il n'y a pas eu de roi et que nos politiciens, une exception près (Clémenceau) n'avaient pas assez le sens de la Nation pour agir dans le bon sens. Pire encore, la prospérité apparente de la IIIème République est essentiellement liée à deux facteurs : Le premier est l'exploitation des colonies, ce qui impliquait en permanence de grosses dépenses d'infrastructure sur place et des dépenses militaires pour maintenir les peuples sous notre domination. C'est un problème que j'ai vu très jeune et de très près. L'autre facteur est la pépinière d'inventeurs et d'ingénieurs qui ont créé les très grandes entreprises Françaises (Eiffel, Pasteur, Bréguet, Dassault, Lumière, Renault, Latécoère, Dewoitine etc...).
      Après la victoire de 1918, la France est ruinée, les USA exigent le remboursement de leurs prêts mais refusent de nous aider à récupérer ce que les Allemands nous doivent.
      C'est le début des problèmes : Notre influence est combattue par nos ex-alliés, la crise de 1929 ferme les exportations de tous, nous nous ruinons à créer la Ligne Maginot et à créer une Marine de guerre qui eut été parfaite en 1914, mais qui n'a pas d'intérêt en 1939.
      Les impôts augmentent, les entreprises périclitent et les politiciens jouent à des jeux imbéciles sans se soucier du nazisme et en attaquant Mussolini qui, au départ, voulait éliminer Hitler.
      Votre thèse de la victoire à la Pyrrhus est totalement exacte.
      Et, justement, quand on est ruiné, qu'on a perdu nombre de ses enfants, un véritable homme politique devrait, me semble-t-il, faire preuve de rigueur (au sens logique) et se refuser à promettre la Lune dans quelque domaine que ce soit.
      Une nation est un peu comme un gros camion sur une chaussée glissante : Elle doit être maniée avec précaution pour ne pas partir dans un ravin.

      La IVème république, copiée/collée de la IIème, n'a connu qu'un seul homme d'Etat, Mendès-France, qui fit une paix honorable en Indochine et qui rattrapa les stupidités de ses divers petits camarades au Maroc et en Tunisie. Il aurait pu probablement limiter les dégâts en Algérie mais Monsieur Guy Mollet voulait le pouvoir à tout prix. Le résultat : La bataille d'Alger, la torture, toutes choses qui ont rendu difficile le dialogue avec ce pays, même en ce moment.

      La Vème République, créée par un véritable visionnaire, souffre de problèmes mineures par rapport à celles qui l'ont précédée, mais surtout de la médiocrité des politiciens issus majoritairement de l'IEP et de l'ENA et non de la vie réelle.

      Il y a 40 ans, j'ai vu pendant l'émission culte "cinq colonnes à la une", un reportage sur l'ENA.

      Les "étudiants" qui voulaient réussir allaient à la Bibliothèque Nationale pour détruire les textes qui pouvaient donner un avantage à leurs condisciples.

      En tant qu'universitaire et scientifique, j'ai été choqué au delà du possible.

      Cela ne m'étonne donc pas que les politiciens truquent les élections à l'intérieur de leur propre parti.

      Comment voulez-vous, avec ce type d'esprit, qu'ils cherchent des solutions réelles aux problèmes de la France ?

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