mercredi 20 février 2013

Météorite "furtive" et équilibre des puissances nucléaires (Révisé le 27 / 06 / 2021 *)


Indétectable ?



Une météorite, strictement non détectée auparavant, a éclaté en multiples fragments, avant de frapper la ville russe de Tcheliabinsk le 15 Février 2013

Les dégâts sont importants, en particulier au niveau des vitres de la ville concernée (c’est l’hiver et c’est en Oural…) et environ 1500 blessés.

Le site de la NASA nous apprend que cet objet céleste, de 15 m de diamètre environ, donc de plus de 2 000 m3, d’une masse estimée à environ 7 000 tonnes par l’Agence Spatiale Européenne, se déplaçait à 18 km/sec (soit presque 65 000 km/h)

Son explosion vers 25 km d’altitude aurait dégagé une énergie de 300 kt soit 20 fois la bombe d'Hiroshima (valeur qui me paraît un tantinet surévaluée, vu qu'il n'y a pas eu de mort, grâce à Dieu).


Un blog lié au même site nous explique – très clairement - aussi qu’aucun télescope ne pouvait détecter l’objet avant qu’il soit arrivé à moins de 135 000 km de la Terre, vu qu’il était de couleur noire (?) et que sa magnitude apparente était supérieure à +24 (pour mémoire, le Soleil a une magnitude de –27).


Une délicieuse incertitude a, par ailleurs, plané sur l’orientation de la trajectoire de l’objet au moment de son entré dans l’atmosphère. 

Cela fait désordre, car même si un objet de cette masse n'est détectable qu'à une "si courte distance", cela laissait plus de 2 heures de préavis avant impact et pourtant personne n'a été prévenu, à quelque endroit que ce soit.  

Cela signifie, en clair, que la furtivité de cet objet céleste était plus liée à l'absence de surveillance qu'à son indétectabilité propre.



Réorientable ?


Peu après l’événement, un charmant ingénieur d’EADS est venu sur une grande chaîne de Télévision Française pour nous dire que la modification de trajectoire des astéroïdes comme celui de 135 000 tonnes qui allait nous "frôler" (2012 DA 14) n’était pas un vrai problème. 

Qu’il suffisait de les percuter de la manière adéquate.


Pour modifier la trajectoire d'un objet spatial, 
mieux  vaut lui apporter une modification de vitesse, parce que, pour obtenir un virage, la quantité d'énergie à mettre en jeu est d'autant plus énorme que la masse à déplacer est importante (problème liée à la quantité de mouvement)

Cet ingénieur ne nous a pas dit où il irait chercher l’énergie nécessaire pour réaliser son exploit ni comment il gérerait l’éventuelle fission de l’objet en plusieurs morceaux indépendants, en particulier si l’astéroïde est essentiellement chondritique (= rocheux, donc friable).


Un politicien Russe, Mr. Jirinovski, à cette occasion, a accusé les USA d’avoir utilisé des armes nouvelles sur la Russie.


Vous savez déjà parfaitement que ceci ne repose sur rien, puisque aucun pays au monde n’est capable d’envoyer un objet de la masse d’une de nos plus récentes frégates (FREMM) à 135 000 km de la Terre, et encore moins de la renvoyer à 18 km/s !


Par contre, des objets manufacturés plus denses, bien plus petits mais bien plus dangereux, peuvent échapper à toute détection en suivant ce type de trajectoire.

Comme quoi, la furtivité consiste surtout à venir de là où on n’imagine pas que l’on puisse venir. 
J’ai l’impression que personne ne regarde par là.

Il serait peut-être temps d'y penser.



jeudi 7 février 2013

Le Quaher 313 : Information, désinformation et furtivité .

les faits


En ce début de Février 2013, tout un chacun peut avoir vu les photos d'un avion furtif de plus mais dont on parle à peine : Le Quaher 313.

Il s'agit d'un avion iranien dont vous trouverez l'aspect sur divers sites répertoriés par Google, comme celui-ci.

Il s'agit d'un avion canard dont le fuselage rappelle à l'avant le JSF et dont les entrées d'air petites et placées à l'extrados (ce qui devrait être plutôt positif du point de vue de la furtivité) donnent l'impression de nourrir un réacteur de faible puissance.

La voilure principale en flèche présente un dessin assez complexe avec des saumons à fort dièdre négatif. Logiquement, cela devrait avoir pour but d'améliorer sa maniabilité.

Si les officiels Iraniens se félicitent évidemment de leur avancée dans ce domaine, certains sites US se gaussent de l'engin en disant qu'il s'agit seulement d'une maquette en plastique.

Il est vrai que l'avion a aussi la particularité d'être petit avec le pilote particulièrement visible d'un observateur extérieur (y compris ses genoux !) .

J'ai du mal à imaginer un radar puissant dans le petit espace situé en avant du palonnier.


le niveau technologique iranien


J'éprouve un certain malaise face à certains commentaires US.

Si vraiment l'Iran est une puissance nucléaire à part entière, susceptible, comme le disent les faucons US, de rayer Israël de la carte du monde, alors faire voler un avion furtif ne me paraît pas particulièrement incongru.
Les données en courent les rues et le net. Maîtriser une arme nucléaire est autrement plus compliqué.

Les étudiant Iraniens que j'ai eu l'occasion de tester en Master I et II ne m'ont jamais paru de niveau faible, bien au contraire.

D'autre part, les Iraniens ont récupéré un drone furtif de Lockheed-Martin en bon état relativement récemment et ils ont sûrement des liens avec des pays qui sont reconnus familiers avec les technologies de pointe dans le domaine (Russie, Chine).

Dire alors que l'engin présenté est une maquette me paraît inutilement insultant.

(Il est vrai qu'en 1941, les aviateurs Américains étaient persuadés par leurs journalistes que les Japonais ne disposaient que de biplans. Leur réveil fut très rude, même une fois la surprise de Pearl-Harbour passée.)

conclusion


L'avion présenté par les Iraniens est malgré tout difficilement acceptable en tant qu'avion de combat opérationnel. Il ne peut donc pas être vu comme une menace actuelle.

Parce que, pour cela, il lui faudrait porter des armes, un radar, des contre-mesures, etc. Pour l'instant, on n'y discerne même ni collimateur ni HUD d'aucune sorte.

Donc, l'avion montré me paraît être plutôt un démonstrateur susceptible, ensuite, d'être agrandi pour donner un engin réel, dans la mesure où la qualité de fabrication en sera irréprochable et cela est un défi.

Mais il faudra encore développer les bonnes tactiques d'emploi, ce qui est un autre défi.


En tout cas, à la désinformation US sur le JSF, l'Iran introduit une réponse qui tend à se placer sur le même plan, au moins sur le plan de sa propre population et de celles des pays qui lui sont alliés (ou qui ont intérêt à faire apparaître l'Iran comme puissant).


Cet avion ne constitue pas une réalité pour l'instant. Par contre, tester les formes furtives et divers revêtements absorbant les ondes radars peut permettre à l'armée Iranienne de cerner les méthodes de détection d'éventuels attaquants furtifs.

Comme la publication des photos de cet avion n'a pas manqué d'amener les passionnés d'aviation à se poser des questions, l'Iran est maintenant en mesure d'obtenir, par le biais de toute une série de critiques publiées dans des revues très sérieuses (comme Flight Global), une analyse de ce qui est juste et de ce qui ne l'est pas dans son avion.

Finalement, ce n'est pas une une si mince réussite que cela.

Mais, dans la revue que j'ai cité, l'un des spécialistes interrogés pense que c'est la démonstration que l'Iran a une ambition moins locale et plus internationale.