mardi 21 janvier 2014

Recettes pour dominer le Monde : Le Blackburn Cubaroo, exemple centenaire, et un autre, assez célèbre ! (Modifié le 18 / 03 / 2024 ***)


Le gambit du Cubaroo


Un avion secret

Lorsque j'ai découvert le Blackburn Cubaroo en feuilletant virtuellement la page 538 du 28 Août 1924 des archives de Flight magazine (alors en accès libre), je dois dire que ma réaction initiale fut la stupéfaction. 

D'abord, l'avion avait été développé très secrètement, à la demande de l'Air Ministry (mais pas du tout de la Royal Navy).

La taille de l'avion (presque 27 m d'envergure, 16.5 m de long, 6 m de haut), l'aspect de son fuselage, sa masse de 9 000 kg au décollage, son unique moteur de 1 000 Cv (60 litres de cylindrée et une masse 1100 kg !), tout contribuait déjà à en faire un avion hors norme.

Ses ailes se repliaient le long du fuselage pour pouvoir entrer au hangar.



La mort des cuirassés


Il pouvait atteindre une vitesse de 185 km/h, très élevée pour l'époque (notre Farman Goliath, exact contemporain - et bimoteur - culminait à 140 km/h).

Il avait, dit-on, 2 900 km d'autonomie (?) et un plafond supérieur à 3 000 m (source Wikipedia en langue Anglaise).

Ce qui était particulièrement stupéfiant était son emploi : Il pouvait transporter et lancer une torpille de 533 mm, d'une masse à peine inférieure à 1 500 kg (2 fois la masse des torpilles aéroportées par nos excellent hydravions Laté 298).

Si je ne me suis pas trompé, il s'agissait d'une torpille de 21" Mk II portant une charge explosive de 234 kg et capable de parcourir 3 500 m à la vitesse de 35 kts, voire 5 000 m à 30 kts.

Flight magazine indiquait que cette torpille pouvait, à elle seule, couler un cuirassé.

 A l'époque, cela devait être une menace destinée à nos propres cuirassés. 
Je me suis même imaginé que le cuirassé France aurait pu être coulé en 1922 par le prototype du Cubaroo
Mais ce naufrage résultait d'une faute de commandement.





Blackburn Cubaroo - Une très grosse bête, surtout pour l'époque


L'engin vola en secret mais sans problème particulier, en tout cas pour l'époque. 

Un atterrissage dur mit le premier prototype hors service (atterrisseur hors d'usage) en Février 1925 mais le second exemplaire vola jusqu'en 1927.


Un autre type d'avion torpilleur fut étudié par AV Roe, l'Avro 556 avec le même moteur mais l'étude déboucha sur un bimoteur de caractéristiques très voisines qui, bien que plus puissant, volait nettement moins vite et moins loin que le Cubaroo parce que sa traînée était bien plus forte.



Un abandon politique
 

L'avion n'ayant donné aucun souci particulier, on peut se poser la question des raisons de son abandon.

La réponse, me semble-t-il, nous a été donnée par la disgrâce du Général US Billy Mitchell (voir cet article) : Il était hors de question, aussi bien au Royaume Uni qu'aux USA, de voir remettre en cause les cuirassés en tant que base de leur domination navale.

Or, que la RAF puisse couler des cuirassés avec 3 hommes dans un avion de seulement 9 tonnes était un message que la Royal Navy se devait d'étouffer à tout prix.

Des fois que cela eut donné de vilaines idées aux autres...

Il se trouve cependant que la Marine Impériale Japonaise avait parfaitement compris cette information. 

Elle l'a donc mis en œuvre et au moyen de quelques 60 bombardiers Misubishi G3M (Nell) et G4M (Betty), elle a coulé les cuirassés Britanniques Prince of Wales et Repulse au large de la Malaisie en Décembre 1941 avec un mélange de bombes et de torpilles à plus de 2 000 km de la base dont ces avions étaient partis...

Curieusement, la Grande Bretagne, lorsque les 2 croiseurs de bataille Allemands Scharnhorst et Gneisenau ont quitté notre port de Brest pour revenir en Allemagne, il n'y eu aucun vaillant successeur du Cubaroo pour venir les couler. 

Trop lents et trop peu nombreux, les pauvres Swordfish n'en avaient pas le pouvoir, ce qui explique pourquoi je ne mettrais jamais cet avion anglais au sommet de la hiérarchie mondiale des avions torpilleurs. 
Par contre, j'ai une immense admiration pour l'habileté et le courage de leurs pilotes.



Le F 35 - JSF et la méthode Coué de Lockheed-Martin



Le 30  Décembre 2013, Aviation Week & Space Technologies avait publié un long article d'Amy Butler : F35 Gains More Market; Rivals Push Upgrades.




On y apprenait, si l'on peut dire, que Lockheed avait engrangé les commandes de la Corée après celle du Japon et que cela démontrait parfaitement la supériorité de cet avion "de combat" sur tout ce qui vole où que ce soit.

L'avion venait de tirer les 3 types d'armes exigés par l'US Marines Corps... presque 10 ans après son premier vol. Félicitations ! Quel exploit !

Vexés, les pauvres concurrents n'avaient donc d'autre solution que de faire augmenter leur (forcément pauvre) niveau d'équipement.


Déjà, la nouvelle sur la commande Coréenne faisait partie de celles dont ni les USA ni Lockheed ne devraient se vanter. 

La véritable commission de sélection Coréenne avait éliminé le JSF F35 et commandé le Boeing F15 Silent Eagle

Ce choix correspondait tout à fait à la véritable situation tactique Coréenne où les situations de combats très complexes demandent une grande instantanéité d'adaptation des capacités des vecteurs pilotés. 


Bizarrement, un groupe de généraux à la retraite, mais apparemment politiquement très actifs, ont réalisé une sorte de coup d'état en exigeant la commande du JSF.

C'était, à l'évidence, le résultat d'une corruption éhontée, as usual. 

Cela peut arriver, malheureusement, mais n'est en aucun cas une bonne chose.


On nous annonçait encore comme une excellente nouvelle que le casque hyper sophistiqué sera remplacé par un autre qui, bien que moins performant, n'existe pas encore, mais qui, as usual, sera là en 2016, juré, craché, si elle ment, Amy Butler ira en Enfer ! 

Mais on n'en a pas moins vendu ces avions en promettant aux acheteurs une visualisation digne de Star Wars.


Quant à l'élévation du niveau des équipements chez les concurrents, j'en connaissais l'existence depuis quelques années, comme la plupart de mes lecteurs. 

L'article parle peu du Rafale, même si, à mon avis, il en est le cœur : Comment faire pour que l'Inde achète, elle aussi des JSF F35.



Le marché des avions de combat se modifiera le jour où des F 35 seront amenés à combattre pour de vrai.

S'ils portent l'étoile américaine, ils seront en grand nombre et la théorie de Lanchester sera vérifiée une fois de plus : Même de mauvais avions de combat peuvent en abattre de meilleurs, à condition d'être en réelle supériorité numérique. 


Par contre, s'ils portent d'autres couleurs et qu'ils sont seuls face à l'ennemi, je plains leurs pilotes qui auront évidemment cru mordicus aux fables de l'oncle Sam.


Il suffira à cet ennemi d'envoyer des drones rapides et manœuvrants pour faire croire à l'arrivée d'une force d'attaque (voir cet article), alors les F 35 lanceront leurs missiles Air-Air AIM 120 à longue portée. 

Bien sûr, cela demandera de peaufiner le système bien au delà du schéma ultra simpliste que j'en trace ici.

Les attaques ennemies sérieuses lancées dans la foulée devraient poser de graves problèmes aux fans du JSF.

En conséquence, souhaitons, pour ses malheureux pilotes, que ce fer à repasser n'ait jamais à servir.


Cette méthode de domination du Monde, ici, consiste à corrompre les bonnes personnes et à intimer "silence dans les rangs !".


A la réflexion, ce n'est en fait qu'une variante de la précédente.